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vendredi 24 octobre 2014

Le poison d'amour

Julia, Raphaëlle, Colombe et Anouchka, élèves en classe de première au lycée Marivaux, forment un quatuor parfait. A l'instar des autres filles de leur âge, nos protagonistes ont des rêves plein la tête, notamment un : l'Amour avec un grand A, celui qui fait frissonner, à la Roméo et Juliette. En l'occurrence, cela tombe à pic, car cette pièce sera jouée lors du spectacle du lycée, et Monsieur Palanquin, professeur de théâtre, est à la recherche de jeunes talents...

Le poison d'amour est intégralement composé d'extraits provenant du journal intime respectif de chaque adolescente ainsi que des échanges de messages, inscrits dans un axe chronologique qui nous permet de progresser jusqu'à l'événement qui se place en tant que "fil conducteur" de ce roman, soit la représentation théâtrale de Roméo et Juliette. Il s'agit ici d'un point de vue intéressant qui nous permet de constater à quel point ce groupe dont l'amitié semble si magnifiée, comporte également des failles. N'oublions pas que ce tout, cet ensemble est composé de quatre êtres à part entière, qui respirent, se mouvent, et pensent individuellement. Et ce qui vaut pour l'amitié, vaut sans doute pour l'amour également...

"L'amitié est une farce et l'amour un poison."

Ainsi, Eric-Emmanuel Schmitt aborde la majeure partie de ces problèmes qui font partie du quotidien des adolescents -mais pas seulement !-, et la manière dont les principaux intéressés s'y prennent pour les résoudre ou les philosopher. Aussi, est-il vrai que nos quatre héroïnes font preuve d'une maturité assez incroyable pour leur âge, et on pourrait leur reprocher un langage et des opinions un peu trop "adultes" du haut de leurs (tout juste ou presque) dix-sept ans.  

Au cours de ma lecture, j'ai relevé une citation qui m'a parue être la clé de toutes les relations faisant vivre ce roman : "Naguère, j'étais libre et je m'amusais. Ce soir, je pleure, je peste, je rage. Ce garçon m'a rendue épileptique et fichue en prison". Colombe et Lucas, Colombe et Mehdi, Marie et Augustin, les parents d'Anouchka, les grands-parents de Raphaëlle, Dad et Gaspard, Julia et Terence, Raphaëlle et Terence, Juliette et Roméo. Bien plus que de s'appliquer à ces couples, ces trois phrases incarnent une définition possible de l'amour : la souffrance comblant le vide immense que laisse le bonheur d'avoir été aimé en partant, la sensation d'être prisonnier de cette machine, drogué à cette substance mortelle qui s'appelle l'Amour. Lors de notre passage sur Terre, personne n'y échappe. Et comme le personnage de Colombe nous l'enseigne, il faut faire de l'Amour une force et non le percevoir tel un danger car : "Il n'y a que deux verbes que je peux conjuguer au futur avec certitude, j'aimerai, je mourrai. Alors, je vous l'annonce : avant de mourir, j'aurai beaucoup aimé !"

En somme, j'ai beaucoup apprécié ce roman qui se dévore un peu trop vite (à mon goût) et permet de mener une réflexion sur l'amour et l'amitié...Libre à vous de tremper vos lèvres dans ce poison cruellement doux ; pour ma part, je vais poursuivre mon analyse en me replongeant dans l'oeuvre de Shakespeare !